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Revue de presse
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Motu Proprio
Traditionis Custodes
Bertrand Revillon* – 20 juillet 2021
https://www.facebook.com/bertrand.revillion/posts/5660641737339917″
La récente mise au point du pape François au sujet de la possibilité de célébrer la messe selon le rite antéconciliaire (Motu Proprio Traditionis Custodes) suscite nombre de réactions « contrastées ». Virant tristement ici où là au pugilat et à l'anathème. Certains se réjouissent qu'un contrôle renforcé évite les dérives et les replis identitaires qui cachent la stratégie de remise en cause du concile Vatican II orchestrée depuis des années par les milieux ultra-conservateurs. D'autre y voient une mise en cause intolérable de leur légitime liberté de choisir un rite correspondant mieux à leur sensibilité liturgique et à leur conception du « sacré », de la transcendance et du « Beau ». Vieux débat dont la France, particulièrement, a le secret ! La réaction d'une part de l'épiscopat français est révélatrice depuis quelques jours d'une gêne vis à vis de ce "motu proprio", certains évêques, constatant depuis quelques années une forme d'apaisement et craignant une réactivation de la « guerre liturgique ». Plusieurs communiqués épiscopaux témoignent de cette inquiétude et déploient des trésors de diplomatie pour rassurer prêtres et communautés attachés à l'ancien rite. On peut, bien sûr, comprendre et respecter ce souci de communion exprimé par les évêques. Et la volonté d'entendre les "sensibilités" liturgiques des uns comme des autres. Peut-on cependant, sans polémiquer, dire aussi que cette attention particulière très marquée (certains diront "unilatérale") en direction des catholiques attachés au rite dit « tridentin » (messe dite de « saint Pie V » dont la dernière version a été faite sous le pontificat de Jean XXIII) heurte et choque nombre de pratiquants fidèles aux évolutions liturgiques du Concile. Ces catholiques ont pu tout aussi légitimement être, eux-aussi, blessés ces vingt dernières années par les remises en cause répétées des apports liturgiques de Vatican II. Ils ont pu interpréter dans le précédent « Motu Proprio » signé de Benoît XVI (Summorum Pontificum 2007), instaurant (fait rare dans l’histoire) la coexistence de deux rites eucharistiques dans l'Église catholique romaine, comme une critique en creux de la messe dite de « Paul VI ». Les innombrables efforts de Rome pour tendre avec patience la main à des courants traditionalistes refusant toute évolution ont pu également les lasser. Le refus de certains prêtres de concélébrer, même épisodiquement (à la messe chrismale, par exemple) selon le rituel conciliaire a pu également leur donner le sentiment qu’il y avait parfois deux poids et deux mesures. De même que l'arrivée en paroisse d'une nouvelle génération de prêtres imposant parfois, sans trop s'encombrer de dialogue, le retour à une forme de célébration empruntant beaucoup à l'ancien rite leur a donné le sentiment d’un grignotage progressif de cette féconde évolution dans la manière de célébrer l’eucharistie qui les avait tant réjouis dans le sillage du Concile. Ces catholiques, pendant toutes ces années, n'ont pas fait de pétition, pas organisé de manifestation, pas crié à l’infidélité de l’Église et des papes. Ils ont fait, le plus souvent, contre mauvaise fortune bon cœur et tentés d’accueillir de discrètes mais répétées modifications liturgiques qui, pourtant, les heurtaient : hyper resacralisation, recentrage sur le seul prêtre célébrant, insistance pour donner la communion dans la bouche, retour à des vêtures et objets liturgiques d’hier (voire d’avant hier), limitations du rôle des laïcs, femmes interdites d’accès au chœur et parfois également interdite de lectures bibliques, service de l’autel réservé aux seuls garçons… On ne compte plus les entorses faites à l’esprit de Vatican II. Ces catholiques peuvent, eux-aussi, légitimement, se sentir parfois malmenés et comprendre difficilement cette sollicitude à sens unique en direction de tenants d’un retour à une forme liturgique qui s’éloigne de plus en plus des apports du Concile. Ils sont nombreux à regretter (dans un silence attristé et parfois déjà sur un chemin d’éloignement de l’Église) que les communiqués récents ne s’adressent pas également à eux pour les conforter dans leur fidélité liturgique à Vatican II. Le récent texte de François les a réjouis, sans les plonger dans la stérilité d’un esprit « revanchard ». Sans doute aimeraient-ils « entendre » plus fortement, sur ce sujet sensible de la liturgie, la sollicitude et les encouragements de leurs pasteurs…" (1) Bertrand Révillion, né en 1958 à Lille, est un journaliste français. Philosophe, journaliste, éditeur, Bertrand Révillion travaille pour la presse écrite, l'audio-visuel et l'édition. Il collabore depuis 2011 à plusieurs magazines français dont notamment Psychologies Magazine pour une rubrique "philosophie et spiritualité", ainsi qu’au mensuel Prier. Il est également Directeur éditorial adjoint des éditions Médiaspaul. Il consacre une part de son temps à l'écriture, et donne régulièrement des conférences846 vues